Les décors oubliés
L’un des peintres décorateurs les plus prolifique du 19eme siècle. Né à Paris en 1802, il intègre jeune l’atelier de Pierre Luc Charles Cicéri (1782 – 1868) peintre en chef de l’Opéra à partir de 1816. Rapidement, il s’associe avec un autre élève de l’atelier, Humanité Philastre avec qui il fonde un atelier.
De 1828 à 1848, date à laquelle leur association prend fin, l’atelier de Philastre et Cambon fournit les décors pour un grand nombre de théâtre parisien et de régions et pour l’Opéra. Après leur séparation Cambon s’associe avec Joseph Thierry (1812-1866) qui fut le gendre de Philastre de 1836 à 1840, date du décès de sa fille Rosalie (la famille Philastre habitait la maison mitoyenne des Thierry à Bagneux) et qui fut le conducteur de travaux dans cet atelier. A la mort de Thierry en 1866, Cambon s’associe avec ses élèves, tout d’abord Antoine Lavastre (1829-1883) l’aîné des frères Lavastre puis Eugène Carpezat (1833-1912) qui reprendront l’atelier de leur maître. A la mort d’Antoine en 1883, son frère, Jean Baptiste Lavastre (1834-1891) s’associera avec Eugène Carpezat.
Le nombre de Décors exécutés par Cambon dans ses différents ateliers en association avec tous ces peintres est considérable. Cambon et Philastre ont consacrés une grande partie de leur collaboration à exécuter des décors pour Le Cirque Olympique, le siège de Saragosse (1828), la tour d’Auvergne (1829), le Déluge (1830), l’Empereur (1830), les Polonais (1831), les lions de Mysore (1831), la république, l’empire ou les cent jours (1832) …l’empire (1845).
Parmi les autres théâtres on peut citer le Théâtre du Panthéon ( les Francs représentation d’ouverture de la salle 1832 ) le Théâtre de l’Ambigu-Comique (le festin de Balthazar 1833), le Théâtre de Bordeaux (la belle au bois dormant 1833 ) le Théâtre de l’Opéra-Comique (le cheval de bronze 1835), le Théâtre de la Porte saint Martin ( la guerre des servantes 1837) , la Comédie Française ( Le gladiateur 1841), le Théâtre des variétés ( le dernier vœu de l’empereur 1841), le Théâtre des Délassement-Comiques ( la fille du ciel 1843), le Théâtre de la gaité ( le temple de Salomon 1846), le Théâtre des Folies-Dramatiques ( la cocarde tricolore 1831), le Théâtre-Molière ( Don Pedro , pour la réouverture 1831)…

Hamlet - "La grande salle du Palais" Opéra salle Le Peletier - 1868
Leur première participation pour l’Opéra est le décor pour le troisième acte de la Tentation en 1832, puis ils participeront presque à la totalité des productions de l’Opéra, Gustave III ou le bal masqué (1833), Ali Baba ou les quarante voleurs (1833), Don Juan (1834) …leur dernière collaboration étant pour Nisida en 1848.
Cambon travaillera avec Thierry jusqu’à la mort de ce dernier en octobre 1866. Son activité se poursuivra jusqu’à sa propre disparition en 1875 en collaboration avec ses élèves et associés Lavastre Antoine et Carpezat Eugène. Une semaine avant de mourir il travaillait sur une vue d’Orléans pour l’opéra Jeanne d’arc.
Cambon participe également à des travaux de décorations de théâtres. A Paris, il peint le plafond et le rideau de manœuvre de l’Ambigu (3e salle). Il décore la salle de l’Athénée, celle de la Bourse, la petite salle des Champs-Élysées (Carré Marigny), le Théâtre Déjazet, les Folies-Nouvelles. Il restaure la salle Le Peletier en 1840 et le plafond en 1847. Il peint les rideaux de la salle Choiseul, du Châtelet. Il exécute également des rideaux ou des décorations intérieures de théâtres en province ou à l’étranger notamment à Nantes, à Brest, à Toulouse, à Angoulême, à Chalon, à Strasbourg, à Beaune, à Haguenau, à Béziers, au château de Chimay, à Bade, à Anvers, à Gand…
Il participe également à la décoration d’évènements importants comme les funérailles de Napoléon aux Invalides en 1840, la fête du baptême du prince Impérial en 1856…

Esquisse préparatoire pour la décoration des funérailles de Napoléon 1er 1840

Jeanne d'Arc Opéra Garnier 1876 esquisse de Charles Antoine Cambon
En 1846, il se rend à Barcelone et pour le Grand Théâtre du Lycée, il dessine les décors d’Anna Bolena, de Il Bravo et de I Due Foscari. Il retourne à la fin de sa vie en Espagne pour exécuter les décors du Prophète en 1872.
Paradoxalement, ce grand artiste, qui marqua par son talent la peinture décorative du 19-ème siècle et qui bénéficiait d’une reconnaissance unanime de ses pairs mourut dans la pauvreté. Sa fille Adélaïde, devant le dénuement dans lequel se trouvait sa mère mit 2000 dessins de son père aux enchères à Drouot le 17 mai 1877.